Auto-interview*
Quel mot choisirais-tu pour décrire ta démarche artistique ?
« Polymorphe » C’est le nom choisi pour l’atelier que j’ai animé de 2016 à 2022 et il me correspond plutôt bien. J’ai toujours du mal à choisir alors je choisis tout : à la fois la création personnelle et le partage avec un public, le dessin et le volume, l’imaginaire et l’observation.
Quel lien établis-tu entre tes différentes productions artistiques ?
Mes projets sont d’apparences diversifiées mais on peut noter plusieurs récurrences : le modulable, le rapport à l’enfance, au ludique, la collection, l’interactivité et la manipulation, le goût pour le caché, ce qu’il y a à l’intérieur. Tous ces critères sont finalement reliés à mon activité principale d’animatrice socioculturelle spécialisée pour le jeune public.
Souhaites-tu parler d’un projet en particulier ?
La série des guerrier.e.s est importante pour moi car elle est à l’origine de la technique de dessin que je développe ces dernières années : le dessin d’observation d’après des sculptures éphémères que je réalise en argile et petits éléments récupérés. J’ai ainsi exploré l’esthétique du pli, de l’empreinte, de la trace, du trou, du relief… Et de l’étrange.
Quelles sont tes inspirations ?
Les peintres de la couleur (Hockney, Matisse, les Nabis...) et les constructions monumentales comme le palais du facteur Cheval ou le Jardin des Tarots de Nikki de Saint-Phalle qui ont nourri mon imaginaire depuis l’enfance, aux côtés de ma mère peintre et décoratrice. L’illustration contemporaine, et plus particulièrement les albums jeunesse ont aujourd’hui toute mon attention : Juliette Binet, Anne-Margot Ramstein, Marie Mirgaine… Et aussi des auteurices plus classiques : Anthony Browne, Bernadette Gervais, Henry Galeron, Paul Cox…
Tu as en effet une attirance pour le livre, en particulier pour les albums jeunesse. Le livre que tu aurais aimé écrire ? **
L’album Dessus Dessous Devant Dedans de Fanny Pageaud aux éditions des Grandes Personnes regroupe toutes mes attirances et obsessions. Dans sa forme (imagier à concept, album à flap) ; dans son contenu (rapport à l’enfance, à l’accumulation, au jeu et à la manipulation, la boucle narrative, la vue d’ensemble finale, le caché, le dedans des choses) ; dans ses préoccupations esthétiques (attention à l’objet fini, la vue de dessus, le dessin d’observation, la limite avec l’abstraction, le fond blanc, le format carré).
* Titre emprunté à l’illustratrice Sara, Auto-interview aux éditions du sonneur, 2018
** Question empruntée à la web-série la pause Kibookin produite par le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil avec le soutien de la Sofia et du Centre Français d’exploitation du droit de Copie